Olivier de Cayron

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© Antonio Nodar / Olivier de Cayron
www.olivierdecayron.net

Explorant le pixel comme une cellule, Olivier de Cayron s’inscrit dans la tradition des artistes chercheurs. « Faire des recherches en arts plastiques, tels les scientifiques, représente pour moi la véritable fonction de l’artiste. » Il se sert des nouvelles technologies pour explorer des vibrations visuelles  « Je suis le premier à avoir introduit des bandes micro-perforées issues du monde industriel dans une expression artistique  »

Ces bandes utilisées depuis le début des années 2000 à l’horizontale, deviennent des verticales, structurant l’image d’une manière plus affirmée, plus architecturale. Contrairement aux travaux des pointillistes, ces claires-voies ouvrent l’image. À rebours des sérigraphies d’Alain Jacquet (né en 1939), dans son fameux et mécanique Le déjeuner sur herbe par exemple, cette trame là perfore la planéité de l’oeuvre. Les points sont ici des trous, l’oeuvre se dévoile en escamotant l’image initiale.

On y voit comme à travers une passoire, comme à travers la mémoire. On y descelle la force de la ligne, un dessin un peu raide, évoquant la bande dessinée. L’image est pourtant lisse. On passe devant, le paysage change, l’oeil stimulé rêve.

« Pour apprécier une oeuvre, il faut faire un effort ». Certaines de ces oeuvres présentent un aspect chaotique et tumultueux où le regard est sollicité à outrance.

«  Ce qui m’intéresse c’est la dialectique plastique de la vision, la manière de présenter l’image. La voie quasi psychanalytique, avec ce qu’elle montre et ce qu’elle ne montre pas.» L’association de la photographie avec l’ordinateur donne un aspect caractéristique à l’oeuvre. Les images capturées à travers le monde puis superposées délogent la fixité et brouillent la clarté. L’oeuvre devient une proposition visuelle qui gagne en épaisseur. La profondeur est obtenue par cet autre moyen qui n’est plus la perspective classique, mais les ruses inspirées par les techniques, inscrites dans l’aventure de Transfiguring. (Mouvement créé en décembre 2014 par 7 photographes plasticiens)

Toutes ces valeurs plastiques canalisent le regard dans plusieurs directions. Les interstices possibles de l’image restent ouverts.

Anne Delaval, Magazine des Arts  2014