Alekxander-Todorov

Alekxander Todorov, artist photographic portrait, Paris album Alekxandar Todorov, artist self-portrait, Paris album

© Antonio Nodar / Alekxander-Todorov

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Je suis né 9 ans avant la chute du mur de Berlin. Sous l’étoile rouge j’ai découvert la révolution industri- elle. J’ai grandi sous les regards des portraits des secrétaires du parti. Le monde au-delà du mur était un rêve, la société de con- sommation dеmeurait dans les pages de Neckermann.

La linogravure était utilisée pour la propagande politique. Pour cette raison j’ai choisi la technique du haut-relief – linogravure, gravure sur bois. Je m’intéresse à la capacité d’absorption du noir, à la création du signe, du signe–sym- bole. Je cherche le perceptible invisible et plongé dans l’ombre.

Signe significatif, signifiant, limité, image tracée exposant, montrant un corps féminin–mannequin de vitrine, rejeté, utilisé, vain, inutile, au milieu de bâtiments industriels abandonnés tels des squelettes vides. Une vie passée, des attentes, des espoirs portant sur la naissance de l’Homme nouveau, des illusions et des égarements trompés, détachés de la réalité, absorbés par une démence qui se métamorphose à nouveau en impasse, en tunnel sans issue pareil a une chambre à air, sans début ni fin, sans naissance, sans mort.

Des vies obsédées, utilisées et dépourvues de sens ; hypocrisie, insatiabilité et éternité, englouties par l’ombre des gares, appentis, passages souterrains ; espaces clos, halles, fenêtres identiques, toits à perte de vue, cheminées, horizons monotones, rythme répétitif, Kraftwerk.

Je cherche, loin de nos regards, cachés dans l’ombre des monu- ments industriels, les problèmes de la société post-industrielle – éloi- gnement de la nature, inquiétude héritée, confusion, extrémité, transition, terminus.

Je vois l’Homme, esprit abandon- né, anxieux, opprimé, abattu, blessé, vain, rejeté, faible, sans défense, absurde, sans chemin, déchu, irréel – à la fois Objet et Sujet qui a utilisé, usé, élimé, dépouillé, usurpé, méprisé, jeté.

La raison dompte l’esprit. L’art se transforme en projection d’un art, qui fonctionne comme art utilitaire et devient art de la raison/rational- ité, de l’administration, du pouvoir.

Je pourchasse ces petites parti- cules inconscientes qui allument la flamme de l’esprit, là où la raison ne devient qu’un simple observa- teur, un témoin.