© Antonio Nodar / Gilberto Guiza
Artiste colombien né en 1983, Gilberto Güiza-Rojas habite et travaille à Paris. Il est membre fondateur du groupe Diaph 8. Collectif né au sein du Master photographie et art contemporain de Paris 8 pour créer un réseau et une plateforme de déclenchement d’initiatives artistiques.
Gilberto Güiza-Rojas considère le monde du travail comme un territoire où se mêlent des relations personnelles et professionnelles avec des codes de communication, une hiérarchie et, bien évidemment, des codes vestimentaires où l’image même de l’individu se transforme et s’uniformise.
A travers la photographie et la vidéo, son œuvre interroge la place de l’individu au travail, et s’intéresse plus particulièrement aux activités manuelles, répétitives et non qualifiées, qui ne relèvent pas de l’artisanat.
Le travail a été considéré comme un espace de luttes depuis la fin du XVIIIème siècle quand les premières lois contre les grèves et la formation des syndicats ont été instaurées en France. Un espace avec des connotations politiques très engagées, qui ont même été utilisées dans la propagande de guerre. Mais au-delà de ce cliché, le travail est un espace synthétique regroupant différentes couches de la société. C’est un territoire où se mêlent des relations personnelles et professionnelles avec des codes de communication, une hiérarchie et, bien évidemment, des codes vestimentaires où l’image même de l’individu se transforme et s’uniformise.
Dans cet univers, je m’intéresse aux travaux que l’on situe habituellement dans le bas des hiérarchies des entreprises (et de la société même) : activités « manuelles et non qualifiées » qui ne renvoient pas à la question du savoir-faire de l’artisanat. Ce genre de travail présente une grande ambigüité par rapport à son importance (qui n’est pas toujours reconnue), et à la « place » que celles et ceux qui l’exercent ont (et doivent garder) dans la société.
Dès lors, comment représenter le travail à une époque où celui-ci devient abstrait et précaire, surtout ?
Pour la photographie, une des possibilités reviendrait à construire une image utilisant l’esthétisation du travail comme moyen de représentation, en décalage par rapport à une iconographie traditionnellement documentaire.
Il ne s’agit pas d’une image glorifiant le travail ou les travailleurs. Non plus d’une dénonciation indulgente des conditions de travail. Il s’agit d’une image allant à l’encontre des « bonnes postures » et des « bons gestes » à exécuter au travail, ceux qu’il faut tenir pour bien représenter une enseigne face aux clients, pour être plus productif et pour respecter les protocoles. Il s’agit de défaire les frontières que la photographie bâtit généralement entre le monde du beau et le monde des invisibles, des travailleurs qui, par le « statut » de leur travail sont d’une certaine façon transparents au regard des autres.