Le tableau est une contrée sauvage qu’il faut patiemment explorer. Une terre inconnue. D’abord on n’y voit rien. Ou pas grand chose. Les sens sont jetés en déroute. Il faut s’accoutumer. Quand on fait l’effort de connaître, on reconnaît peu à peu. A force on s’y retrouve. Il y a un mystère là : cette manière de se donner et d’échapper à la fois ; le tableau est une évidence qui résiste. Une présence-absence. La soi-disant évidence des sens est en vérité une reconnaissance. Elle suppose qu’il y ait eu une première rencontre. Une première familiarisation. Alors, oui, le tableau est une invitation au voyage.